Sur le Cap Corse
Sur le Cap Corse
On est ici sur la dernière marche,
Sur le dernier rempart hasardé par la terre rétive et battue,
Ivre de lumière marine et de vent,
Aride et opiniâtre,
Opposant ses forts et son maquis
A toutes les menaces de l’ailleurs.
On est ici face à l’avenir et au passé,
Car toutes les immensités se ressemblent,
Face aux départs vers de changeantes Amériques,
Face à l’absence,
Face à la beauté déserte de la mer.
Le Cap dressé,
Brandi vers le ciel indifférent,
Eperdu de sa propre existence,
Lâche sans fin dans le vide son cri inarticulé
De racines, de vieilles pierres et de gloire.
Il faut aller par son chemin aérien
Surplombant les falaises
Marcher dans sa poussière glorieuse
Lutter contre le large
A genoux, à pleins poumons respirer
Le parfum persistant et résineux de cette terre presqu’île
Qui s’évapore dans les embruns
Et se brise
Sans fin
Vers l’azur.